Musée National de l’histoire de l’immigration
Du début des années 1960 à la fin des années 1980, de multiples courants musicaux liés aux flux migratoires ont transformé Paris et Londres en capitales multiculturelles. Paris-Londres. Music Migrations propose un parcours immersif et chronologique pour traverser ces trois décennies décisives de l’histoire musicale de Paris et de Londres.
À la fin du XXe siècle, la musique révèle à Paris et à Londres, comme
nulle part ailleurs, la façon dont les mouvements migratoires ont
façonné l’identité de ces deux anciennes capitales d’empires coloniaux.
De l’indépendance de la Jamaïque et de l’Algérie en 1962, à la fin des
années 1980, l’exposition explore trois décennies durant lesquelles
Paris et Londres sont devenues des capitales multiculturelles. Avec la
musique, des générations de l’immigration postcoloniale ont exprimé
leurs espoirs et leurs aspirations.
À travers la production, la diffusion et la réception de musiques
populaires comme le rock, le reggae, le punk, le ska, le raï, l’afrobeat
ou le rap, une histoire parallèle de Paris et Londres est présentée en
mettant l’accent sur les expériences individuelles et la jeunesse. Bien
que les contextes nationaux britanniques et français soient très
différents concernant les questions d’immigration, les revendications
peuvent être similaires, notamment dans le domaine de la lutte contre le
racisme. À Paris comme à Londres, la musique a permis une large
diffusion d’idées qui ont profondément fait évoluer les mentalités.
Et puis, Londres ne serait pas Londres et Paris ne serait pas Paris
sans l’afro-beat de Fela Kuti, le makossa de Manu Dibango, le R&B de
Soul II Soul, le raï vintage de Cheikha Rimitti, le ska de Desmond
Dekker, le blue beat de Millie Small, la chanson algérienne de Noura, le
punk sans frontière de Rachid Taha, l’asian underground d’Asian Dub
Foundation, le chaâbi de Dahmane El Harrachi, la poésie dub de Linton
Kwesi Johnson, le zouk de Kassav’, la house de A Guy Called Gerald, le
ghiwani de Nass El Ghiwane, le yéyé oriental de Jacqueline Taïeb,
l’afro-jazz de Ray Lema, le reggae militant de Steel Pulse, le rap
engagé de Passi, la kadans des Vikings de la Guadeloupe, le hip hop de
Sidney, le reggae légendaire de Bob Marley, le raï moderne de Khaled, le
rock métissé des Négresses Vertes, le rhythm’n’blues de Vigon, la juju
music de King Sunny Ade…
Ces rythmes venus d’Afrique, des Caraïbes, des Antilles, d’Inde ont une
influence déterminante sur la musique d’aujourd’hui. Outre le succès
actuel du grime, du dubstep, de l’afro-trap et autre afro-punk, c’est la
dimension globale de la musique qui s’est forgée il y a plus de trente
ans, en résonnances avec les évolutions sociales et politiques, les
transformations urbaines et les flux migratoires successifs qui ont
marqués l’époque.