Expositions

Etudes sur l’empathie

Fondation d’entreprise Ricard

Etudes sur l’empathie emprunte son titre à un projet de recherche de l’artiste Eva Zornio qui prend la forme d’une enquête. L’exposition rassemble les œuvres d’une douzaine d’artistes issu·e·s de la HEAD—Genève. Chaque œuvre y esquisse un rapport singulier à l’empathie, et amène le public à s’interroger sur la capacité qu’elle aurait à en susciter.

Empathie. Le mot est partout. On déplore de nos jours son absence face à la tragédie des migrants et à la généralisation progressive des discours de haine. Elle est devenue un critère qualitatif mesurable par des tests dans la conduite des ressources humaines en entreprise. On l’invoque pour se rassurer devant la prochaine immiscion de l’intelligence artificielle dans tous les interstices de notre vie sociale. Depuis la découverte des neurones miroirs, elle est un des sujets d’étude favoris des sciences cognitives.

L’empathie n’est pas synonyme de contagion émotionnelle, de compassion ou d’altruisme. Elle désigne cette capacité à ressentir l’état affectif d’autrui afin d’y réagir de manière appropriée. C’est une compétence sociale ancrée dans les structures profondes de notre système nerveux. On a cru pendant longtemps que c’était un phénomène volontaire et rationnel, qui reposait sur les inférences logiques et les croyances qu’on avait des individus. Or depuis une dizaine d’années, les sciences affectives développent une approche inédite. Chercheuses et chercheurs décrivent un mécanisme sensori-moteur pré-conscient qui nous permet d’avoir accès aux états émotionnels des autres et ce de façon automatique. C’est en reproduisant à l’identique les émotions observées chez autrui qu’une personne pourrait comprendre et agir dans la situation sociale : je fais face à une personne en colère, mon corps rejoue sa colère à l’identique, cela me fait agir en conséquence. Ce qui s’avère encore plus troublant : que l’état émotionnel et cognitif d’autrui soit observé en direct ou qu’il soit représenté importe peu, les zones cérébrales activées demeurent les mêmes. A une époque de remise en question de la division séculaire entre corps et esprit, l’attestation scientifique d’une cognition qui serait incarnée (« embodied cognition ») arrive à point nommé. Dans le champ esthétique, elle oblige à reconsidérer entièrement l’effectivité qu’auraient les représentations visuelles sur nous. Sur le plan politique, elle plaide pour une meilleure prise en considération des affects dans la conduite de nos vies interconnectées.
Charlotte Laubard

Source : https://www.fondation-entreprise-ricard.com/evenement/etudes-sur-lempathie

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