Monnaie de Paris
L’art de Kiki Smith se nourrit symboliquement des souvenirs de son enfance – des lectures des contes de Grimm et de Perrault au travail de modélisation effectué pour son père, le sculpteur Tony Smith. L’ensemble de son œuvre est marqué par sa fascination pour le corps humain, qu’elle représente d’abord de manière morcelée, la peau apparaissant comme une frontière fragile avec le monde. Dès le milieu des années 1980, Kiki Smith propose une manière inédite d’explorer le rôle social, culturel et politique des femmes. Son travail prend, par la suite, un tournant plus narratif. Dans une perspective féministe, elle s’empare notamment de grandes figures féminines bibliques pour en proposer de nouvelles représentations. Dans son corpus, celles-ci côtoient des héroïnes de contes, ou le personnage ambigu de la sorcière, à la croisée de l’univers fantastique et de la culture populaire.
À partir des années 2000, les grands mythes des origines attirent progressivement son attention, et la cosmogonie devient un chapitre à part entière de sa pratique. Parallèlement, femmes et animaux coexistent souvent de manière harmonieuse : leurs corps se relient parfois et des fusions opèrent, indépendamment de toute vraisemblance.L’œuvre de Kiki Smith s’apparente ainsi à une traversée, une quête de l’union des corps avec la totalité des êtres vivants et du cosmos. D’éléments microscopiques aux organes, des organes au corps dans son ensemble, puis du corps aux systèmes cosmiques, l’artiste explore la relation entre les espèces et les échelles, cherchant l’harmonie qui nous unit avec la nature et l’univers. Si la sculpture occupe une place centrale dans son travail, Kiki Smith réalise également de nombreux dessins, aux dimensions souvent importantes. L’artiste apprécie particulièrement l’art de la gravure et possède une collection personnelle de monnaies traditionnelles. L’exposition se prolongera au sein du parcours du musée du 11 Conti – Monnaie de Paris, avec une présentation de pièces issues des collections patrimoniales choisies par Kiki Smith. Le catalogue bilingue qui sera publié à l’occasion de cette exposition sera le premier ouvrage rétrospectif en français consacré à son travail. Cette exposition s’inscrit au cœur de la programmation artistique dirigée par Camille Morineau, qui accorde une attention particulière aux artistes femmes, ainsi qu’aux pratiques sculpturales convoquant l’exploration de différents matériaux et échelles de taille, de la miniature au monumental.
Commissaires : Camille Morineau, Directrice des Expositions et des Collections de la Monnaie de Paris et Lucia Pesapane, Commissaire d’expositions et responsable de la programmation artistique à la Monnaie de Paris. Avec la collaboration de Marie Chênel.
Source : https://www.monnaiedeparis.fr/fr/expositions-temporaires/kiki-smith